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Appel - perspective et axes Colloque interdisciplinaire, 15-16 octobre 2026, Université de Mons (SÉf&f - études françaises & francophones, université de Mons) et Université libre de Bruxelles (Tradital - traduction, interprétation didactique et traitement automatique des langues, université libre de Bruxelles)Mons (15 octobre) et Bruxelles (16 octobre)
« ‘‘À demain les Indiens’’ se dit en anglais : ‘‘Sioux tomorrow’’ » (Philippe Geluck) Si « les langues diffèrent essentiellement par ce qu’elles doivent exprimer, et non par ce qu’elles peuvent exprimer » (Jakobson, 1963 : 84), la question de la transposition des jeux de mots et des traits d’humour d’une langue à une autre ne peut pas véritablement se poser comme une opposition entre « possible » ou « impossible ». L’humour et les jeux de mots ne se trouvent pas limités et enfermés dans la pure et simple dimension du signifiant, comme sur une couche superficielle, ils résident aussi et plus essentiellement dans des effets d’allusion et de relation entre aspects et dimensions hétérogènes de la langue et de la communication (Henry, 2003 : 70-75). Cependant il est intéressant d’observer, à travers les productions langagières humoristiques, ironiques et ludiques, comment des artistes, autrices et auteurs, ou traducteurs et traductrices, jouent de ce « devoir exprimer », ainsi que des contraintes qu’impose la langue française, dans la mise en relation ou la transposition de cette langue avec une ou plusieurs autres langues. Partant du principe que « l’humour n’est pas résigné, il défie » (Freud), comment cette rencontre « interlinguistique » amène-t-elle à mettre au jour, pour les défier, des modalités conventionnelles, des variations, des mécanismes implicites véhiculés à travers certaines structures morphologiques ou syntaxiques (emploi de genres ou de modes, ambiguïtés syntaxiques, écarts entre graphies et prononciations…), ou par des expressions idiomatiques et des paradigmes lexicaux (homonymie et paronymie, représentations culturelles et allusions historiques sous-jacentes à une locution…) ? Par exemple, lorsque le créateur du Chat produit le jeu de mot cité ci-dessus, il témoigne non seulement du fait que les formules de salutations de l’anglais ont aujourd’hui une diffusion mondiale, mais aussi du fait que la variété phonétique du français de Belgique présente très souvent une diérèse à la place de la synérèse – raison pour laquelle le rapprochement avec la formule anglaise s’est produit, dans toute l’économie du « travail délibéré sur le signifiant », entre « ambiguïté, règle, liberté, divertissement » (Regattin, 2009 : 38). L’observation à propos de l’ironie, souvent considérée, dans le cadre de la traduction, « comme un obstacle langagier et culturel » qui relance l’intérêt de la tâche (Schoentjes & Lievois, 2010), vaut également pour l’humour et les jeux de mots. C’est pourquoi, sans nécessairement revenir sur le débat séculaire concernant l’intraduisibilité et l’incommunicabilité, l’objectif de ce colloque sera double. Il s’agira, d’une part, d’explorer ce lien privilégié entre les jeux de mots plaisants, le discours humoristique, et le langage comme dimension constitutive et ambivalente – à la fois contraignante et émancipatrice – dans le rapport au français et à un environnement francophone, en contact ou en contraste avec une autre langue. En quoi la confrontation d’aspects généraux ou de variations particulières du français avec une autre langue ou entre variétés peut-elle être exploitée pour susciter la créativité, la plaisanterie voire la dérision ? D’autre part, il s’agira d’examiner comment est envisagée ou envisageable la relation d’écart, de proximité, ou de distance radicale, entre le français (à travers ses locuteurs) et l’une ou l’autre langue, notamment dans une perspective de didactique du français langue étrangère, puisque l’approche des histoires drôles et jeux de mots pour ce que ceux-ci apportent à l’abord de la langue française a déjà fait l’objet de nombreuses recherches et publications (Collès et Poulain, 2004 ; Bouguerra, 2007…). Les organisateurs et organisatrices invitent tout chercheur et toute chercheuse que cette thématique intéresse à envoyer une proposition de communication, un poster ou un atelier. Le comité souhaite privilégier des propositions se fondant sur des productions et des corpus de la période contemporaine (1950-2025), inscrits dans les marges de la création littéraire, cinématographique et artistique (humour, chanson/slam, littérature jeunesse, expérimentation poétique, bande dessinée…), ou dans la francophonie périphérique. Les propositions envisageant l’analyse théorique ou l’exploitation didactique de ces productions francophones, ou de productions traduites en français, seront donc particulièrement les bienvenues, sans exclure cependant des propositions qui aborderaient d’autres périodes ou d’autres types d’œuvre mais s’inscriraient tout à fait dans les axes du colloque. Axes proposés :
Ce volet accueillera des contributions portant sur les procédés d’écriture humoristique, les jeux de langage et les stratégies stylistiques dans des œuvres littéraires ou artistiques francophones. Il s’agira d’examiner comment les autrices et auteurs mobilisent les ressources de la langue française pour produire des effets comiques, ironiques ou satiriques, notamment dans des contextes de variation linguistique ou culturelle.
Les communications pourront explorer les phénomènes linguistiques à l’œuvre dans les jeux de mots et l’humour, tels que les ambiguïtés syntaxiques, les glissements phonétiques, les particularités morphologiques ou les structures idiomatiques. Une attention particulière pourra être portée aux variations régionales, aux écarts entre langue standard et usages populaires, ainsi qu’aux mécanismes mobilisés dans la réception de l’humour.
Cet axe invite à interroger les enjeux de la traduction de l’humour et des jeux de mots vers ou depuis le français, en mettant en lumière les stratégies de transposition, d’adaptation ou de recréation. Les propositions pourront porter sur des cas concrets de traduction littéraire ou audiovisuelle et sur les défis posés par les différences culturelles, linguistiques et pragmatiques.
Les communications pourront analyser comment l’humour et les jeux de mots reflètent ou interrogent les représentations culturelles, les imaginaires collectifs et les références historiques propres à différentes aires francophones. Des comparaisons permettront de mettre en évidence les convergences et divergences dans les usages humoristiques du langage entre le français et d’autres langues ou cultures.
L’étude de l’exploitation pédagogique de l’humour et des jeux de mots pour l’enseignement du français langue étrangère constituera un axe majeur du colloque. Les propositions pourront porter sur des dispositifs didactiques, des retours d’expérience ou des analyses de corpus utilisés en classe, en montrant comment ces formes langagières peuvent favoriser l’apprentissage, la motivation et la sensibilisation aux spécificités et particularités de la langue française, dans toutes ses variations. Modalités de soumission Les propositions correspondront à l’un des formats suivants :
Les propositions (300-350 mots, rédigées en français, accompagnées de 3-5 références bibliographiques et de 4-5 mots-clés), devront être déposées sur la plateforme au plus tard le 15 mars 2026. Elles devront préciser le format envisagé ainsi que le ou les deux axe(s) qu’elles privilégient. Une publication des actes du colloque est envisagée. Comité organisateur Élisabeth Castadot, UMONS Stéphanie Delneste, UMONS Catherine Gravet, UMONS Tiffany Jandrain, UMONS – UCL Isabelle Goffin, ULB Nathalie Lemaire, ULB Vincent Louis, ULB Mauricio Narvaez Soto, ULB |
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